Coronavirus : la vérité sur le nombre de morts
On apprend que les chiffres quotidiens de la direction générale de la Santé ne comprennent ni les décès à domicile ni ceux dans les Ehpad…
Alors que la barre symbolique des mille morts du Covid-19 est franchie avec 1 100 décès depuis le début de l'épidémie, selon le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, celui-ci a pris soin de souligner que « les décès à l'hôpital ne représentent qu'une faible part de la mortalité ». Ceux survenus dans les 7 000 Ehpad et maisons de retraite qui abritent 800 000 personnes âgées ne sont en effet pas comptabilisés dans ce bilan, pas plus que les victimes du Covid-19 mortes à leur domicile.
Autant dire que la mortalité liée à l'épidémie est déjà bien plus lourde alors que s'égrènent les découvertes terribles faites ces derniers séjours dans ces établissements de soins pour personnes âgées. 21 patients morts à la résidence d'accueil et de soins Le Couarôge à Cornimont dans les Vosges, 12 à l'Ehpad de Thise (Doubs), 7 décès dans celui à Sillingy, en Haute-Savoie, 13 à la fondation Rothschild à Paris.
« Nous avons entre vingt et trente établissements qui sont dans des situations critiques », explique Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées), qui représente, avec ses 1 900 établissements, 25 % du parc. « Ils se trouvent dans le Grand Est, autour de Mulhouse, Colmar et Strasbourg, mais aussi dans d'autres foyers de l'épidémie, l'Oise, la Bourgogne, l'Hérault.
Au début, on s'est dit, c'est comme la canicule. Mais là il faut tenir de six à huit semaines. Dans le Grand Est, on ne peut plus muter les patients vers les hôpitaux. Pour le 15, nous ne sommes pas prioritaires. »
« On sait qu'en Île-de-France, sur les 700 Ehpad il y en a à peu près entre 100 et 150 qui pourraient être déjà touchés par le Covid-19, a déclaré sur France Info Frédéric Valletoux (…) On ne sait pas aujourd'hui mesurer l'étendue des dégâts dans les maisons de retraite, il faut avoir la lucidité de le dire », a insisté auprès de l'Agence France-Presse Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), évoquant « une zone d'ombre ». Néanmoins, « on a des témoignages de situation très tendue », a-t-il ajouté.